De nombreux grands pélicans blancs sont morts lors de la récente épidémie de grippe aviaire au Sénégal © Sergey Dereliev, www.dereliev-photography.com
Rome, le 18 février 2022 - La FAO recommande aux pays d'Afrique d'être en état d'alerte élevée suite aux mortalités d'oiseaux sauvages dues à l'influenza aviaire hautement pathogène de type H5 (IAHP). Compte tenu des rapports récents d'Afrique occidentale et australe ayant respectivement détecté le virus chez les pélicans blancs et les oiseaux côtiers, le risque d'introduction de l'IAHP dans d’autres pays africains et d'épidémies dans les populations d'oiseaux sauvages est considéré comme élevé. Les pays doivent mettre en place des mesures renforcées pour la détection précoce, le diagnostic et la riposte aux épidémies, tant chez les oiseaux sauvages que chez les volailles domestiques.
CONTEXTE
Le 25 janvier 2022, le Sénégal a déploré des mortalités inhabituelles d'oiseaux sauvages dans le Parc National des Oiseaux du Djoudj, site UNESCO et Ramsar. L'épidémie a touché 883 pélicans blancs (Pelecanus onocrotalus) dont 758 sont morts, la majorité étant des oiseaux juvéniles. Le 4 février 2022, des mortalités d'oiseaux sauvages ont été signalées en bordure du parc national du Diawling, un autre site de l'UNESCO et de Ramsar, cette fois dans le sud-ouest de la Mauritanie. L'épidémie a été causée par un virus IAHP et a également touché principalement les juvéniles de pélicans blancs, ce qui soulève des inquiétudes quant à la conservation de la population. Le personnel des parcs nationaux s’attelle actuellement au nettoyage des sites touchés par la maladie, et procède au retrait des carcasses afin d’empêcher les prédateurs de propager le virus en se nourrissant ou en transportant des carcasses infectées. Les deux parcs se situent dans la zone géographique frontalière entre le Sénégal et la Mauritanie.
Les échantillons collectés par les autorités de la faune sauvage au Sénégal ont été testés positifs pour le virus IAHP H5N1 et une caractérisation plus poussée est attendue. Il est très probable que le virus appartienne à la clade 2.3.4.4b, compte tenu de sa circulation actuelle et de sa prédominance en Europe et en Afrique de l'Ouest, tant chez les oiseaux sauvages que domestiques.
Ces événements suivent un schéma spatio-temporel similaire à celui observé en fin janvier 2021, lorsque des foyers d'IAHP H5N1 ont été signalés chez des pélicans dans ces mêmes sites de Mauritanie et du Sénégal. Des enquêtes phylogénétiques et spatiales ont récemment été publiées indiquant que les virus IAHP H5N1 impliqués dans les événements de 2021 étaient étroitement liés au virus IAHP H5 clade 2.3.4.4b circulant en Europe durant la même période, en particulier aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Italie, et qu'une des sources les plus probables d'introduction fut les migrations d'oiseaux sauvages en provenance d'Europe le long du couloir migratoire Est Atlantique (Lo Fatou et al., 2022).
Au cours des derniers mois, les virus H5N1 HPAI ont été fréquemment détectés dans les populations d'oiseaux sauvages européens (par exemple au Royaume-Uni et aux Pays-Bas) et des foyers ont été signalés chez des limicoles en Namibie et en Afrique du Sud, et chez des grues cendrées (Grus grus) en Israël. Plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest continuent de signaler des foyers de la maladie chez la volaille, la propagation régionale étant facilitée par le commerce de volailles. En outre, l'IAHP étant bien établie dans en Afrique occidentale et australe, une transmission du virus des volailles aux oiseaux sauvages pourrait également se produire et entraîner une propagation ultérieure de la maladie.
Les pays d'Afrique doivent donc être en état d'alerte maximale du fait du risque élevé d'introduction et de propagation du virus H5N1 HPAI, que ce soit par les mouvements d'oiseaux sauvages et/ou par le commerce de volaille.
Il est essentiel de maintenir et d'intensifier les efforts de surveillance des mortalités chez les oiseaux sauvages et de réagir rapidement aux épidémies d'IAHP pour contrôler la maladie dans les zones humides d'importance internationale, en particulier chez les espèces faisant l'objet d'efforts de conservation, et ainsi empêcher une propagation des oiseaux sauvages aux volailles ou des volailles aux oiseaux sauvages.
La gestion des foyers d'IAHP chez les oiseaux sauvages peut être difficile en raison de multiples facteurs tels que l'accessibilité du site, la couverture du sol, le stress des oiseaux sauvages et le manque de ressources humaines et financières, entre autres. Pour aider les pays à y remédier, la FAO a organisé un webinaire le 10 février 2022 sur le partage d'expériences entre divers pays dans la gestion des foyers d'IAHP à grande échelle chez les oiseaux sauvages. Les enseignements tirés et l'enregistrement sont accessibles via la chaîne YouTube de la FAO (en anglais):
PARTIE 1: https://youtu.be/damySnrQuYY
PARTIE 2: https://youtu.be/ClJzwsq4E28
Les bulletins Situation de l’IAHP en Afrique sub-saharienne et Situation mondiale des virus de l'IA zoonotiques sont publiés de manière mensuelle par FAO EMPRES.
Le 24 janvier 2022, le groupe de travail scientifique sur l'influenza aviaire et les oiseaux sauvages a publié une déclaration intitulée Influenza aviaire hautement pathogène H5N1 chez les volailles et les oiseaux sauvages: hiver 2021/2022 avec un accent sur la mortalité massive des oiseaux sauvages au Royaume-Uni et en Israël qui fournit des recommandations et des conseils exhaustifs pour ceux qui gèrent des sites d'importance régionale et internationale pour les oiseaux d'eau et d'autres espèces sauvages.
RECOMMANDATIONS POUR LES PAYS TOUCHÉS ET CEUX À RISQUE
La FAO recommande une surveillance et une sensibilisation accrues par les autorités nationales, en enquêtant sur toute mortalité observée chez les oiseaux sauvages ou la volaille pour l'IAHP.
Il n'y a aucun avantage à tenter de contrôler le virus chez les oiseaux sauvages par l'abattage ou la destruction de leur habitat. La pulvérisation des oiseaux ou de l'environnement avec un désinfectant – par exemple de l'hypochlorite de sodium ou de l'eau de javel – est considérée comme potentiellement contre-productive, nocive pour l'environnement et non efficace du point de vue du contrôle des maladies.
Rien ne justifie non plus l'abattage préventif d'espèces menacées dans les collections zoologiques. Les mesures de contrôle des oiseaux sauvages en captivité dans les endroits où le virus a été détecté doivent être basées sur l’isolement des zones affectées et alentours et sur un contrôle strict des mouvements.
RECOMMANDATIONS AUX AUTORITÉS NATIONALES
RECOMMANDATIONS AUX CHASSEURS ET CHASSEURS-CUEILLEURS
RECOMMANDATIONS AUX PRODUCTEURS DE VOLAILLES
RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES
DOCUMENTS CLÉS
CONTACT
Pour plus d'informations, n’hésitez pas à contacter Keith Sumption, Vétérinaire en Chef de la FAO à CVO@fao.org
Dernière mise à jour le 21 February 2022