Les scientifiques proposent des solutions pour gérer l’impact des pêches maritimes sur les oiseaux marins

Bonn, xxx novembre 2015 - Comment les pêches maritimes exercent-elles un impact sur les oiseaux marins migrateurs en Afrique sub-saharienne ? Une Étude présentée à la 6ème session de la Réunion des Parties à l’Accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA) examine 54 oiseaux marins couverts par l’AEWA, le traité international administré par le Programme des Nations Unies pour l’environnement.

Les pêcheries palangrières et chalutières ont des effets importants et étendus sur de nombreuses espèces d’oiseaux marins, notamment des effets létaux pour les gannets du Cap. Les cormorans sont tués comme prises accessoires dans les filets maillants et les pièges. Pingouins, gannets, fous, cormorans,  goélands, frégates, huîtriers, sternes et noddis sont aussi affectés. 

La surpêche pourraitaffecter un grand nombre d’espèces, par une réduction des proies préférées, et a un impact sur l’ensemble de l’écosystème marin. Des changements dans les comportements alimentaires, résultant d’une concurrence ou de changements dans les écosystèmes marins et les chaînes alimentaires auront probablement un impact sur la plupart des oiseaux marins. Les espèces de manchot africain et de gannet, de cormoran, de goéland et de sterne pâtissent de la diminution des proies disponibles, étant donné que les thons, qui poussent les proies des oiseaux marins vers la surface, sont victimes d’une surpêche. En conséquence, les oiseaux peuvent déserter leurs sites de nourrissage habituels.

Les rejets des pêches ont un impact sur un grand nombre d’espèces. Les populations de goélands, de sternes, de gannets et de skuas qui se nourrissent des déchets des navires de pêche, en particulier les chalutiers, peuvent augmenter grâce à un apport en nourriture sous forme de déchets/rejets de pêche. Ceci peut avoir des conséquences difficiles à prévoir sur les espèces en question et sur l’écosystème en général et aboutir à un piège écologique. Dans le cas du gannet du Cap, la faible valeur nutritionnelle des rejets des pêches par rapport à celle des proies naturelles peut être préjudiciable à la survie des jeunes individus.

Recommandations

L’Étude contient des recommandations pour trois questions essentielles affectant tous les pays de la région: la collaboration, la pêche au filet maillant et la surpêche. La conformité, le suivi et la surveillance doivent être renforcés au niveau national. Outre qu’elles gèrent les stocks de poisson en haute mer, les Organisations régionales de gestion des pêches (ORGP) et les conventions maritimes régionales sont également tenues de réduire les prises accessoires, notamment d’oiseaux marins.  Les États membres de l’AEWA qui ont un grand nombre de bateaux battant pavillon étranger pêchant dans leurs eaux territoriales pourraient autoriser les ORGP à les représenter lors de la négociation des accords de pêche avec des flottes hauturières. Cela pourrait éviter la surpêche d’espèces transfrontalières.

Avec le concours des pêcheurs artisanaux, il faudrait entreprendre des recherches sur les effets des filets maillants sur les oiseaux marins. Dans le cas d’un lien direct, éduquer les pêcheurs locaux aiderait à atténuer les effets préjudiciables, notamment dans les sites à haut risque (Sites importants pour les oiseaux). L’étude de l’alimentation des goélands et des sternes nidifiant en Afrique de l’Ouest aiderait à déterminer le degré de chevauchement avec les captures en tant que facteur de risque.

Du fait que de nombreux pays africains ont conclu des accords avec des États asiatiques et européens,  des contrôles gouvernementaux renforcés sont nécessaires pour faire en sorte que les captures ne dépassent pas les quantités convenues. Les Parties à l’AEWA qui pratiquent la pêche en Afrique devraient contribuer à améliorer le respect de la réglementation et la surveillance continue. Le renforcement des ORGP pourrait accroître le pouvoir de négociation des pays africains sur les intérêts des nations pratiquant la pêche hauturière pour aboutir à la gestion des espèces marines transfrontalières. La mise en place de programmes d’observateurs obligatoires pour tous les navires étrangers qui pêchent dans les eaux territoriales africaines, en assurant une transparence dans la collecte, la présentation et la communication des données pourrait contrecarrer la surpêche.

Des quotas géographiquement explicites seront fixés pour la pêche à la sardine en Afrique du Sud au cours des prochaines années, en vue d’atténuer les effets de cette pêche sur les oiseaux marins comme le manchot africain. En fonction des résultats, cette méthode de gestion pourrait être employée dans d’autres États membres de l’AEWA.

L’Étude a été préparée par BirdLife South Africa et s’appuie sur une première version rédigée par l’Université du Cap.

Dernière mise à jour le 11 November 2015

Type: 
News item
Species group: 
Birds