Quand les oiseaux et les humains entrent en conflit - L’oie à bec court, un exemple de gestion durable d’une espèce

Bonn, xxx novembre 2015 - La conservation des oiseaux migrateurs tend à être automatiquement associée à la lutte contre toutes les menaces auxquelles ils sont confrontés et qui provoquent leur déclin progressif. Des mesures pour traiter ces menaces sont envisagées. Mais parfois, ces actions de conservation dépassent les attentes et le rétablissement d’une espèce entraîne à son tour un nouveau défi. Comment gérer le succès ? Que se passe-t-il s’il y a trop d’individus d’une espèce ?

Protéger les oiseaux migrateurs peut également impliquer de contrôler la croissance de leur population, voire de la diminuer si un déséquilibre flagrant est constaté. En tant que composants de notre écosystème, les oiseaux migrateurs doivent être gérés de manière durable ; ils doivent être considérés comme une partie d’un tout et être en harmonie avec les humains.

L’oie à bec court constitue une étude de cas parfaite du problème de l’inversement. Inscrite à l’Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie (AEWA), ainsi qu’à de nombreux autres conventions et accords internationaux, elle a bénéficié de mesures de conservation. Ainsi, sa population a considérablement augmenté au cours des dernières décennies, en faisant une belle réussite de conservation. Toutefois, sa population en pleine croissance a provoqué petit à petit des conflits avec des intérêts socio-économiques, agricoles par exemple. Par conséquent, l’oie à bec court est devenue l’objet du premier Plan de gestion international par espèce, basé sur les principes d’une gestion adaptative, développé par l’AEWA.

L’oie à bec court (Anser brachyrhynchus) © John Anderson

La majorité des populations d’oie se reproduisant ou hivernant en Europe de l’Ouest ont augmenté considérablement au cours des dernières décennies, grâce à des efforts de conservation efficaces. Les oies sont considérées comme une ressource récréative précieuse, admirées par les ornithologues et le grand public et chassées dans certains pays. Toutefois, du fait de leur concentration et de leur recherche de nourriture sur les terres agricoles, l’augmentation continue de leurs populations a également déclenché une intensification des conflits agricoles dans les zones d’hivernage et de repos. Par ailleurs, dans certaines régions arctiques, les populations de plus en plus denses peuvent engendrer une surexploitation de la végétation, entraînant une dégradation sur le long terme des habitats de toundra humide.

Il est devenu de plus en plus clair qu’une gestion réussie de ces populations migratrices nécessitait une collaboration internationale afin d’atteindre et de maintenir des populations viables, tout en tenant compte des intérêts socio-économiques. L’Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie (AEWA) a cherché des solutions pour gérer les populations qui provoquent des conflits avec certaines activités économiques humaines et a développé un plan de gestion international par espèce pour un premier cas d’essai, la population d’oies à bec court se reproduisant à Svalbard (Anser brachyrhynchus).

Il y a trois ans, la population d’oies à bec court se reproduisant à Svalbard (Norvège) était en augmentation et était ainsi devenue une source de conflit avec l’agriculture ; leur chasse était encouragée. La population d’oies à bec court était passée d’environ 15 000 au milieu des années 1960 à environ 60 000 oiseaux en 2012. L’aire de répartition de la population ne couvre que quatre pays (Norvège, Danemark, Pays-Bas et Belgique), qui partagent des mesures de conservation et possèdent des règlementations bien appliquées, ce qui constitue une bonne condition préalable à la mise en œuvre du plan.

Bien que l’intention de ce plan fut d’abord ciblée sur la dimension biologique de maintenir l’oie à bec court de Svalbard à un statut de conservation favorable, il a également été reconnu par la suite une dimension sociale avec les conséquences des interactions entre animaux sauvages et humains. Les différents aspects de sa conservation devaient être traités. À cette fin, le plan prévoit une série d’actions, telles que le maintien d’une population d’environ 60 000 oiseaux dans une aire de répartition afin d’empêcher la population de s’effondrer ou d’exploser. D’autres mesures consistent à optimiser les règlementations et les pratiques en matière de chasse afin de réguler la taille de la population le cas échéant dans les États de l’aire de répartition où la chasse est autorisée, ou à s’assurer qu’une chasse durable est pratiquée. C’est le seul moyen de maintenir une population durable et stable d’oies à bec court, ainsi que leur aire de répartition, tout en maintenant les conflits agricoles à un niveau acceptable.

Les enseignements des trois dernières années ont été pris en compte dans les Directives sur l’exploitation durable des oiseaux migrateurs, qui doivent être débattues et adoptées lors de la MOP6.

 

Dernière mise à jour le 10 November 2015

Type: 
News item
Species: 
Anser brachyrhynchus
Species group: 
Birds