La plateforme européenne de gestion des oies est reconnue pour son innovation en tant que finaliste du prix Kipepeo du PNUE
Oie à pieds roses en vol - une des espèces focales de la Plate-forme européenne de gestion des oies (EGMP) / Photo : Magnus Elander
Bonn, 11 octobre 2024 - La Plateforme européenne de gestion des oies (EGMP) a été sélectionnée parmi les cinq finalistes dans la catégorie innovation du prestigieux prix Kipepeo décerné par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), en reconnaissance de son approche originale de la gestion de la faune et de la flore sauvages.
« La nomination par le PNUE souligne les contributions de la plateforme aux pratiques d'utilisation durable et son rôle dans l'avancement de la coopération internationale. Il s'agit d'une reconnaissance importante de l'impact de l'EGMP, qui est considérée comme un modèle de gouvernance environnementale et de gestion adaptative dans le monde entier », a déclaré M. Jacques Trouvilliez, secrétaire exécutif de l'Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie (AEWA).
Alors que le changement climatique s'accélère et que les conflits entre l'homme et la faune sauvage se complexifient, l'EGMP s'est imposée comme un modèle révolutionnaire pour la gestion transfrontalière des espèces d'oiseaux d'eau migrateurs. Établi en 2016 dans le cadre de l'AEWA, le EGMP parvient à concilier la conservation des oies migratrices avec les dommages agricoles, la chasse, la sécurité aérienne et les préoccupations liées à l'impact sur les écosystèmes en Europe.
« L'EGMP ne se limite pas à la gestion des populations d'oies », a déclaré M. Trouvilliez. »Il s'agit de créer un précédent sur la façon dont les nations peuvent travailler ensemble pour relever des défis environnementaux complexes grâce à l'innovation et à la coopération. »
L'approche unique de l'EGMP combine une science solide, une collaboration transfrontalière et une prise de décision collective pour résoudre un problème croissant : l'augmentation rapide du nombre d'oies dans plusieurs populations qui endommagent les cultures, augmentent les risques de collision avec les oiseaux pour les avions et ont un impact sur les habitats et écosystèmes.
Membres du Centre de données EGMP, basé à l'Université d'Aarhus, Danemark / Photo : Bruno Pereira Leles
Le succès de la plateforme réside dans son cadre de gestion adaptative, qui permet d'ajuster rapidement la stratégie de gestion en fonction des données scientifiques les plus récentes et des résultats obtenus. Le centre de données de la plateforme, basé à l'université d'Aarhus au Danemark, recueille et analyse des données sur quatre espèces d'oies de l'AEWA - l'Oie à bec court, l'Oie des moissons de la taïga, la Bernache nonnette et l'Oie cendrée - dans plus de 20 États de l'aire de répartition, dont 15 font officiellement partie de la plateforme, aux côtés de la Commission européenne. Ces informations aident les gouvernements à fixer des quotas de chasse, à gérer les populations et à protéger les habitats sur la base d'informations actualisées.
« Le modèle de l'EGMP s'est également avéré économiquement intéressant pour les Etats. En centralisant la collecte et l'analyse des données entre les États membres, la plateforme a permis de réduire la duplication des efforts et d'accroître le partage des données, tout en produisant des résultats significatifs dans toute l'Europe », a déclaré M. Trouvilliez.
Photo de groupe des délégués participant à la 9e réunion de l'organe décisionnel de la plateforme, le Groupe de travail international sur la gestion des oies européennes, à Tromso, Norvège, juin 2024 / Photo : Sergey Dereliev
Un exemple frappant est la gestion de la population du Svalbard de l'Oie à bec court, une espèce qui a été en conflit avec les intérêts des agriculteurs dans plusieurs pays d'Europe. Aujourd'hui, cette espèce est gérée dans le cadre d'un plan de gestion international par espèce de l'AEWA, qui est devenu la base d'un effort transfrontalier efficace permettant d'équilibrer la gestion de la population et sa conservation.
Troupeau d'oies près de l'aéroport Schiphol d'Amsterdam / Photo : Alber de Hoon
La plateforme a également mis en place sept groupes de travail spécialisés par espèce et par thème qui soutiennent la mise en œuvre de ses plans de gestion dans les différents États de l'aire de répartition. Ces groupes de travail spécialisés apportent leur expertise et leurs conseils sur une série de sujets tels que le suivi des populations, la gestion des conflits entre l'homme et la faune sauvage et les nouvelles menaces qui pèsent sur les espèces. Ils contribuent ainsi à aligner les initiatives et les projets nationaux de conservation et aérienne de gestion sur les objectifs internationaux fixés par les plans de gestion au niveau de la voie de migration.
Un exemple marquant est la création d'un groupe de travail dédié à la sécurité des vols, à travers lequel la plateforme collabore avec les autorités aéronautiques civiles pour explorer les moyens de partager les données de suivi des oiseaux en temps réel avec les opérateurs aéroportuaires afin de réduire les collisions avec les oiseaux - une première en Europe et une étape innovante qui contribuera de manière significative à renforcer la sécurité aérienne.
La plateforme propose également un modèle de gestion de la faune au-delà des oiseaux d'eau migrateurs. Son travail soutient les objectifs environnementaux internationaux, notamment le cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal, et son modèle adaptatif est de plus en plus reconnu comme un modèle potentiel pour la gestion d'autres espèces migratrices.
« Le succès de l'EGMP réside dans sa capacité unique à intégrer la science de pointe à la collaboration internationale. En veillant à ce que les mesures de conservation et de gestion soient efficaces et durables, la plateforme établit une norme pour la gestion adaptative des espèces migratrices », a déclaré M. Trouvilliez.
Dernière mise à jour le 20 December 2024