L’empoisonnement par les munitions au plomb : leçons tirées et voie à suivre

Bonn, le 13 novembre 2015 - Les munitions au plomb sont responsables d’empoisonnement et leur utilisation par les chasseurs a été interdite. Même si les preuves scientifiques ont mis fin aux discussions, la mise en œuvre de cette décision prise en 1995 par les Parties à l’AEWA reste en souffrance. Ces 15 dernières années, seul un tiers des pays qui sont Parties à l’AEWA ont interdit les munitions au plomb. Et là où des mesures juridiques sont prises, leur application demeure souvent un problème. Comment dépasser ce dilemme – cette question était au centre de l’événement qui s’est tenu en marge de la MOP6 de l’AEWA, organisé par WWT (the Wildfowl & Wetlands Trust), la CMS (la Convention sur la conservation des espèces migratrices) et BirdLife International. Cet événement a été l’occasion d’explorer les mesures pratiques, politiques et sociologiques pour permettre le passage à des munitions sans plomb en travaillant avec les diverses parties prenantes concernées. L’AEWA devrait avoir un rôle à jouer dans la résolution de ce problème, par exemple en établissant un groupe d’experts au sein du groupe de travail de la CMS sur l’empoisonnement.

Sergey Dereliev, Administrateur technique de l’AEWA, a attiré l’attention sur la Résolution 11.15 de la CMS, qui reconnaît les risques plus vastes engendrés par les munitions au plomb pour les rapaces et les oiseaux d’eau dans les environnements terrestres, et que des restrictions partielles peuvent être inefficaces. D’ici à 2017, les pays devront supprimer l’utilisation des munitions au plomb dans les zones humides et les environnements terrestres. Pour atteindre cet objectif, il souligne un fort besoin de sensibiliser mais aussi de mieux analyser et comprendre la situation dans les différents pays.

Comment l’AEWA peut-il soutenir la mise en œuvre par les Parties ?  Une option serait de mettre en place un groupe de travail régional et/ou thématique sur l’empoisonnement au plomb dans le cadre de la CMS. L’AWEA devrait notamment être en mesure de soutenir le groupe de travail grâce à une approche régionale, fournissant des informations issues de la région.

Le Professeur Jesper Madsen, de l’Université d’Aarhrus, au Danemark, et Responsable du groupe de spécialistes sur le prélèvement des oiseaux d’eau de Wetlands International, a rapporté l’interdiction parfaitement réussie dans son pays, tandis que M. Cy Griffin, de la Fédération des associations de chasse et de conservation de la faune sauvage de l’UE (FACE) a insisté sur le fait qu’une meilleure mise en œuvre de l’interdiction du plomb dans d’autres pays impliquait un changement dans la façon de la communiquer. Nous ne sommes pas uniquement confrontés à un problème de conformité, « il s’agit d’un véritable problème de compréhension chez les chasseurs, concernant par exemple les différentes sortes de grenaille de plomb » a-t-il déclaré. M. Jean-Yves Mondain-Monval, ONCFS (Office français de la Chasse et de la Faune sauvage), a expliqué à son tour que même si en France l’interdiction de la grenaille de plomb d’ici 2006 avait été décidée en 1993 et des mesures d’accompagnement prises, les chasseurs n’avaient pas reçu d’explications suffisantes, et l’interdiction était donc très peu respectée. Le faible niveau des amendes données en cas de non-conformité et le prix élevé des grenailles de remplacement peuvent également expliquer les difficultés rencontrées lorsque l’on essaie de faire appliquer l’interdiction.

Pour Ruth Cromie, de WWT UK, il s’agit d’une question d’efforts collaboratifs et multisectoriels, et il est inutile de demander d’autres preuves : toutefois, la situation au Royaume-Uni confirme qu’il s’agit en grande partie de convaincre les chasseurs qui ne pensent pas que la grenaille de plomb constitue un problème – « Pour eux, c’est un problème invisible », a-t-elle déclaré. « Ils n’aiment pas les produits de remplacement, ils n’ont pas peur d’être attrapés lorsqu’ils enfreignent les règles, et le pouvoir de la tradition est aussi un véritable obstacle. Mais le travail ne doit pas être fait que sur le terrain : le lobbying et les intérêts économiques sont particulièrement importants, et le manque de mise en œuvre à ces niveaux doit être pris en main », a-t-elle ajouté.

Le travail en direction d’une meilleure mise en œuvre doit être entrepris à différents niveaux. L’aspect sociologique consiste à persuader les chasseurs sur le terrain, mais aussi à un plus haut niveau. Il y a également une dimension politique, qui est de contracter de nouvelles parties. En outre, la communication doit être améliorée. La création d’un groupe de travail pourrait être une bonne solution pour prendre en compte les divers aspects de la question.

M. Bert Lenten, Secrétaire exécutif adjoint de la CMS, a insisté sur le fait que le travail devait commencer très vite, mais que les ressources continuaient de manquer. Il a suggéré de rentrer en contact avec les fabricants d’armes et de munitions, en leur faisant prendre conscience du fait que la grenaille de plomb n’est pas durable, puisqu’elle engendre de nombreux dommages latéraux, et laisse donc moins d’oiseaux à chasser. Le dialogue entre les chasseurs et les fabricants est nécessaire et urgent, et il devrait être soutenu comme étant une solution potentielle à la question de fond, dans une tentative de prise en main du problème de la grenaille de plomb.

 

Dernière mise à jour le 04 Mai 2018

Type: 
News item
Species group: 
Birds