Au travail dans les coulisses de l’AEWA - Dr Gerard C. Boere

Bonn, 16 juin 2015 - Les oiseaux migrateurs fascinent Gerard depuis toujours. À l’âge d’environ 10 ans, il créa un « club de la nature et des oiseaux » avec deux camarades d’école. Leur principale activité était l'observation des oiseaux, pour laquelle ils se servaient d'un simple manuel ornithologique usagé. Suite logique, il étudia la zoogéographie en mettant tout particulièrement l’accent sur la migration des oiseaux et notamment sur l’importance de la mer des Wadden néerlandaise pour des millions d’oiseaux migrateurs. À cette époque, la question était probablement encore plus importante que de nos jours, en raison de la pression politique visant à reconquérir au moins quelques terres sur la mer des Wadden. Les études de doctorat de Gerard (1971-1977) et sa thèse sur la mer des Wadden en tant que site de mue pour les échassiers d’Arctique, le mirent en contact avec les conventions internationales. Ramsar existait déjà depuis quelques années et la Convention de Bonn et la Directive Oiseaux de l’UE étaient en préparation. Son travail l’a également mené en Russie – pour la première fois en 1976 – pour assister à la conférence de Novossibirsk sur les oiseaux migrateurs. Entre 1989 et 2002, de nombreuses expéditions et visites suivirent, et il essaya également de convaincre la Fédération russe de devenir Partie à l’AEWA.

Son contact précoce avec les conventions internationales lui montra l’intérêt de disposer d’instruments internationaux solides et non bureaucratiques, en tant que moyen pour se réunir régulièrement et se mettre d’accord, s’aider et faciliter les actions en faveur de la conservation, dans l’intérêt de tous. Ceci vaut naturellement tout particulièrement pour le monde fascinant des oiseaux migrateurs, dont les voies de migration couvrent parfois des douzaines de pays.

Après 10 années de bons et loyaux services en tant que responsable de la conservation de la flore et de la faune et de la recherche dans ce domaine au Service national des forêts, il a œuvré avec d’autres, de 1988 à nos jours, au développement du traité international de conservation qui est finalement devenu l’AEWA. Cette mission fût à la fois un défi et un honneur pour lui (pour de plus amples détails, voir le livre du 15ème anniversaire écrit par Gerard C. Boere)
 

« Pour moi, le moment le plus mémorable a bien entendu été celui où, après des années de travail, le texte de l’AEWA a été signé à La Haye, en 1995, le véritable labeur commençant en 1999, lors de la MOP1 au Cap. Au fil des ans, l’AEWA a montré sa capacité à opérer de la façon dont nous le souhaitions : en tant qu’instrument pratique pour la coopération internationale œuvrant « sur le terrain » à la conservation des oiseaux d’eau migrateurs. L’AEWA, qui a vu le nombre de ses Parties augmenter régulièrement, a un fort rayonnement international en tant qu’instrument de conservation pour les voies de migration, comme l’a montré, par exemple, la Conférence Oiseaux d’eau du monde, qui s’est tenue en 2004 à Edinburgh. De nombreux gouvernements, ONG et organisations internationales ont apporté leur soutien à divers projets et programmes. On citera par exemple le vaste soutien FEM, comportant un cofinancement substantiel de pays tels que l’Allemagne, pour le programme « Wings over Wetlands », qui a stimulé le rôle de l’AEWA en Afrique et dont le « Kit de formation Voie de migration » constitue un autre résultat pratique important. »

Si Gerard devait choisir l’espèce protégée par l’AEWA qu’il préfère, ce serait le Bécasseau variable (Calidris alpina), une espèce intéressante à la taxonomie et aux routes de migrations complexes. Leurs vastes volées dans le ciel ou le « tapis » dense qu’ils forment sur leurs perchoirs à marée haute, offrent des spectacles fascinants. Mais bien qu’il s’agisse d’une espèce courante, la tendance de ses populations est négative. Gerard n’attrape et ne bague plus des échassiers – au lieu de cela, son attention s’est tournée vers les oiseaux terrestres, principalement les passereaux, aux Pays-Bas. Il forme également des gens à devenir des bagueurs certifiés, et est président de la Société néerlandaise de baguage.  

Même après sa retraite précoce, en 2004, les activités de l’AEWA sont toujours présentes dans sa vie ; il est par exemple l’un des rédacteurs des rapports de la Conférence Oiseaux du monde.  De même, depuis près de quatre ans, Gerard préside le Comité directeur du projet « Wings Over Wetlands », qui se concentre sur la mise en œuvre de l’AEWA en Afrique. Il a participé à l’organisation du 15ème anniversaire de l’AEWA et est également président du Comité consultatif pour l’Initiative de la voie de migration de la mer des Wadden.  Il a achevé sa tâche en la matière le 1er avril 2015, mettant un terme net à sa carrière, qui s’est terminée là où elle avait commencé, 50 ans plus tôt, dans la mer des Wadden, avec ses millions d’oiseaux d’eau migrateurs, à présent reconnue au niveau international grâce à son statut de site classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

 

 

Dernière mise à jour le 16 Juin 2015